FRANCE — ÉVÉNEMENT À L'INSTITUT DU MONDE ARABE À PARIS |
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Nader Ayache pour cinematunisien.com
Projection de six courts-métrages de réalisatrices tunisiennes. Voilà, je suis dans cet immense et merveilleux auditorium «Rafik Hariri» et je commence déjà à voir les visages familiers de cette communauté franco-tunisienne.
J'entends parler tunisien, j’avoue que ça réchauffe le cœur, les discussions tournent autour des attaques de Ben Guerdane, près de la frontière libyenne, tout le monde est triste de ce qui arrive à notre chère Tunisie et pour ceux qui ont subi ce drame. Un hommage aux victimes de cette terrible guerre.
La salle est à présent remplie, les présentations et remerciements à l'Institut du Monde Arabe et à l’association Cinématunisien, que je renouvelle à mon tour.
Ces images témoignent de la magie qu’offre le cinéma. Il me semble important de dire aussi que ces mêmes enfants auraient pu être les victimes de l'attaque du 8 mars et à quel point il est horrible de perdre des êtres qui rêvent tout simplement d'être ! C’est ce que permet le cinéma, une prise de conscience du spectateur.
Je remercie l'équipe pour ce merveilleux film. Je n'avais jamais vu et encore moins vécu ça dans le centre de Tunis. J'ai voulu essayer de comprendre ce qui s'était passé» suite à cet incident et face à ce choc, elle décide de réaliser ce premier court-métrage.
Un homme s’est mis à crier dans la salle, après la projection et l’intervention de la réalisatrice. Les paroles de Doria ont déclenché en lui cette envie de s’exprimer. Il a associé les mots de la réalisatrice aux images du film : l’actrice Anissa Daoud croise un homme vêtu d’un «qamis» qui lui crache dessus… Cet homme dans la salle a tout simplement eu le besoin de s’exprimer, «Ce qui ne peut danser au bord des lèvres - s'en va hurler au fond de l'âme» (1).
Peut être a-t-il eu peur de ne pas être compris, voyant que toute la salle était contre lui, le poussant à quitter sans laisser à Doria la possibilité de lui répondre. Je pense que s’il revoit le film une deuxième fois, il trouvera sa réponse dans la séquence qui suit… Notre protagoniste monte dans le taxi, filmée de dos, on ne la voit pas pleurer, mais nous le comprenons à travers les paroles du chauffeur de taxi qui s’acharne à lui expliquer que le tunisien abuse du sens du mot «liberté» jusqu'à se permettre d’insulter une femme en pleine rue, ou de se garer n’importe où…
«Cette désaffection s'explique par plusieurs facteurs, dont un sentiment d'extériorité ressenti par le spectateur face à des films qui ne parviennent pas à lui parler. Ce sentiment, même s'il ne s'exprime pas toujours en des termes précis, dénote du désir du spectateur de se sentir représenté dans un cinéma qui lui semble lui tourner le dos» (2). Une partie de la salle, après la projection, n’a cessé de répéter la réplique de Ahmed Bennys : «Aujourd'hui, on mange des pâtes» en plaisantant.
©Nader Ayache pour cinematunisien.com
(1) Christian Bob. |
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